L’Algérie en deuil pour «l’ami des peuples»

Alger a décrété huit jours de deuil après l’annonce de la mort du leader cubain, partenaire historique de l’Algérie indépendante.

Sur les bâtiments officiels, les drapeaux sont en berne. «À la suite du décès de l’ancien chef d’État cubain, Fidel Castro Ruz, leader historique de la Révolution cubaine»,Alger a décrété dimanche un deuil national de huit jours. La radio nationale ne diffuse pas ses émissions musicales habituelles. L’usage veut que les événements culturels organisés par l’État soient annulés, mais pour cette fois, la plupart des concerts ont été maintenus et le festival international du cinéma d’Alger a décidé d’inclure un hommage à Fidel Castro dans son programme : «Pour être fidèle à la mémoire de Castro, il fallait maintenir cet acte culturel. Parmi les domaines d’excellence de Cuba, il faut citer la culture», a déclaré, sans rire, la commissaire du festival, Zahia Yahi, passant sous silence la répression systématique du régime castriste contre les artistes trop critiques.

L’histoire d’amitié entre Alger et Cuba remonte à la guerre d’indépendance. En 1963, Fidel Castro fait envoyer des médecins cubains en Algérie pour remplacer les médecins français qui ont quitté le pays. Cette coopération médicale existe toujours aujourd’hui, principalement dans les régions du Sud. Cette même année 1963, lors de la guerre des Sables, Cuba envoie des armes et des soldats pour soutenir l’armée algérienne contre les troupes marocaines. Dix ans plus tard, Fidel Castro est accueilli à Alger par une foule en liesse lors de la Conférence des pays non-alignés.

«Je perds personnellement, un ami et un compagnon de plus d’un demi-siècle», a déclaré dans un communiqué le président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Ce lundi, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, deuxième responsable de l’État, a présenté ses condoléances à l’ambassadeur cubain. Il était accompagné du Premier ministre, du chef d’état-major, du ministre des Affaires africaines et du secrétaire général du FLN. Dans le registre de condoléances mis à la disposition des visiteurs, il a écrit que le peuple algérien voue «respect, considération et estime» à Fidel Castro.

«Le deuil, on ne le remarque pas vraiment, estime pourtant Walid, 32 ans. Mais c’est important parce que c’est un grand homme.» Devant un kiosque à journaux, gobelet de café en carton dans la main, Ali, 43 ans, confirme : «Il a lutté contre le colonialisme en Afrique et il a libéré des pays, en s’opposant aux puissances de l’époque. C’est l’ami des peuples.» Sur les réseaux sociaux, des dizaines de photos en noir et blanc du leader cubain, mais aussi de Che Guevara, aux côtés des présidents algériens Ahmed Ben Bella ou Houari Boumédiène, sont partagées. «On le traite de dictateur, mais on oublie qu’il a permis à son peuple d’être éduqué», explique Yasmine qui a, comme ses amies, publié ces photos historiques sur son compte Facebook.

«Castro aimait les Algériens au point de soutenir notre équipe de foot», sourit Amine. Lors d’une réception donnée pour ses 90 ans, mais aussi lors d’une rencontre avec le président iranien, Hassan Rohani, Fidel Castro portait en effet un survêtement aux couleurs de l’équipe algérienne de football. En visite officielle à Cuba au mois d’octobre dernier, Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, lui avait offert un burnous, un manteau traditionnel algérien.

Zohra Ziani Correspondance à Alger

Source : Libération.fr
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Publié dans Actuel, Cuba

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