Le Pape à Cuba

 

Le pape François est arrivé samedi à Cuba pour une visite de quatre jours. Il a exhorté l’ile à s’ouvrir davantage à l’Église et appelé les États-Unis et Cuba à «continuer d’avancer sur le chemin» du rapprochement, au début de ce voyage historique dans les deux pays.

Francisco y Raúl

L’avion du pape argentin a atterri peu avant 16 heures (22 heures, en Suisse) à l’aéroport José Marti de La Havane, où l’a accueilli le président Raul Castro. François doit se rendre jusqu’à mardi à La Havane, Holguin et Santiago. Raul Castro, élevé chez les jésuites comme son frère Fidel, l’a d’emblée remercié pour sa contribution au processus historique du rapprochement avec les Etats-Unis.

«Missionnaire de la miséricorde»

Dans la foule présente à sa descente d’avion, plusieurs banderoles ont salué l’arrivée d’un «missionnaire de la miséricorde» et lui ont souhaité la bienvenue. François a demandé dans un bref discours des «moyens» pour que l’Église puisse agir «dans la liberté» sur l’ile, où l’action de ses institutions est encore bridée par les autorités communistes, notamment au niveau de l’éducation.

«Nous voulons aujourd’hui renouveler ces liens de coopération et d’amitié pour que l’Église continue d’accompagner et d’encourager le peuple cubain dans ses espérances et dans ses préoccupations, dans la liberté et avec les moyens» de mener à bien sa mission, a déclaré le souverain pontife, âgé de 78 ans, devant le président Raul Castro.

François a ensuite parcouru à bord d’une «papamobile» et sous les vivats de dizaines de milliers de personnes les quelque 18 kilomètres séparant l’aéroport de la nonciature apostolique, l’ambassade du Vatican où il s’est reposé après un voyage de 12 heures.

Appel à la réconciliation

François a exhorté de son côté Cuba et les États-Unis à persévérer sur la voie de la réconciliation, présentant leur rapprochement «comme un exemple pour le monde entier». Il a joué un rôle de premier plan dans le réchauffement entre les États-Unis et Cuba, qui a abouti cet été au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays après plus d’un demi-siècle d’hostilité.

«Nous voulons aujourd’hui renouveler ces liens de coopération et d’amitié pour que l’Église continue d’accompagner et d’encourager le peuple cubain dans ses espérances et dans ses préoccupations, dans la liberté et avec les moyens» pour mener sa mission, a-t-il aussi affirmé.

C’est la troisième fois qu’un pape visite Cuba en 17 ans, après Jean Paul II (1998) et Benoît XVI (2012). Un traitement privilégié pour un petit pays, dont 10% de la population se revendique catholique, même si le nombre des baptisés est bien plus important (60%), beaucoup mélangeant cultes afro-cubains et catholicisme.

L’excitation et l’enthousiasme étaient néanmoins palpables avant la venue du pape. «L’Église, c’est pour les vieux. Mais après ce que François a fait pour nous, j’irai à la messe place de la Révolution pour lui exprimer mon respect», a témoigné Eduardo Gutierrez, 19 ans, croisé dans La Havane.

Les autorités cubaines souhaitent que le pape réaffirme l’hostilité du Vatican à l’embargo américain, qui frappe toujours Cuba cinquante-trois ans après son entrée en vigueur. Le pape ne devrait toutefois pas s’attarder sur ce sujet afin de ne pas donner l’impression de vouloir s’ingérer dans la politique américaine, indiquait le Vatican à la veille de son départ.

Le pape restera jusqu’à mardi à Cuba, avant de gagner les États-Unis où il fera plusieurs étapes avant de rentrer à Rome le 28 septembre. Il célébrera une messe dimanche sur la place de la Révolution, au coeur de la capitale. Une entrevue avec Fidel Castro pourrait aussi avoir lieu le même jour.

Source : LeMatin.ch

Publié dans Actuel, Cuba, International

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