Cuba : la communauté internationale se prononce une fois de plus contre le blocus

« Le blocus économique contre Cuba, que les États-Unis ont imposé depuis trois décennies, est un crime contre l’humanité. On ne peut interdire nourriture et médicaments à un pays pour des motifs idéologiques, éthniques ou religieux. » – Gonzalo Garcia Bustillos, Ambassadeur du Vénézuela à Cuba, Juin 1992

Les séances à l’Assemblée Générale des Nations-Unies se suivent et se ressemblent : le 1er novembre 2018, et pour la 27ème année consécutive, le blocus imposé à Cuba par les États-Unis depuis près de 60 ans a été condamné par 188 (*) pays (qui ont rejeté par la même occasion les 9 amendements présentés par les États-Unis). Il ne s’est trouvé que 2 états membres à voter pour son maintien : les États-Unis, bien sûr, et Israël, évidemment.

Et on s’étonnera au passage que 190 pays se prononcent sur un blocus qui n’existe pas, à en croire certains médias, ou qui a été levé, à en croire d’autres.

Que l’auto-proclamé Gendarme du Monde se retrouve en si maigre compagnie a de quoi faire réfléchir. Que celui-ci se retrouve, une fois de plus, pris la main dans le sac dans une tentative de crime humanitaire a de quoi faire réagir. Déjà renforcé en 1992 par la loi Torricelli, le blocus atteint une nouvelle dimension par l’adoption de la loi Helms-Burton en mars 1996 (quelques mois seulement après le 5ème vote des Nations-Unies).

Les justifications avancées par les États-Unis pour imposer le blocus à Cuba ont varié selon les époques et se sont adaptées à une situation donnée comme à son contraire. Il serait donc hasardeux, et surtout vain, d’en avancer une seule au risque de se voir démenti peu après par une autre…

Ce qui est certain, c’est qu’au delà des nombreuses idées reçues sur la question cubaine, le cas de Cuba est dérangeant : un pays du Tiers-Monde qui se hisse, en une seule génération, à un niveau de santé et d’éducation comparable au pays les plus riches, cela ne fait pas partie des schémas habituels. S’agissant d’un pays se proclamant du Socialisme, cela devient inconcevable.

Pour Cuba, comme d’ailleurs pour le Nicaragua, le Chili ou le Venezuela, l’administration américaine n’a jamais caché que, pour elle, « l’exemple d’un gouvernement marxiste en Amérique Latine est inacceptable ». Alors, bien sûr, le blocus (et autres « sanctions économiques ») devient une évidente nécessité. Alors, bien sûr, ceux-là mêmes qui défendent les « lois du marché » et la libre circulation des biens et des idées interdisent la vente de médicaments à Cuba.

D’un côté, on inonde en coopérants et « soutien économique » des régimes qui ne peuvent même plus cacher la situation catastrophique dans laquelle ils ont plongé leurs pays, de l’autre on impose un blocus à un pays qui a donné le taux de mortalité infantile et d’analphabétisme le plus bas du continent et l’espérance de vie la plus élevée.

À l’heure où l’action humanitaire devient un fonds de commerce politicien, est-il concevable de d’accepter une tentative de ruiner méthodiquement un pays ayant déjà vaincu les fléaux de maladie, de faim, d’analphabétisme ? Le tout justifié par des arguments qui ne sont jamais avancés quand il s’agit de pays « amis ».

Le blocus a été imposé par les États-Unis au nom de « la Démocratie et du Monde Libre ». Mais en quoi le fait d’arracher un cahier des mains d’un enfant cubain rend-il le monde plus démocratique ? Le monde est-il plus libre lorsque des médecins cubains doivent jongler avec les pénuries ? Et quelle exemple de liberté et de démocratie peut-on offrir dans ces conditions quand on entend dans la bouche d’un médecin cubain « même à nos pires ennemis, nous n’aurions jamais fait ça ».

Et, enfin, qui nous convaincra que le peuple cubain mérite de souffrir ainsi sur l’autel des intérêts nord-américains ?

Viktor Dedaj
1999. Revu et corrigé en 2018 (on ne se refait pas…)

(*) à l’heure de rédiger ces lignes, le chiffre varie entre 188 et 189 selon les sources…

Source : LeGrandSoir.info

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