L`Amérique Latine est-elle toujours l’arrière-cour des États-Unis ?

Par Fernando Ravsberg
HAVANA TIMES, 11 septembre 2014
Les États-Unis ont du céder face à la pression de l’Amérique latine et accepter la participation de Cuba au prochain Sommet des Amériques (le 10 avril 2015). Barack Obama n’a pas eu d’alternative, d’avoir maintenu le veto cela aurait signifié la fin de ces rencontres présidentielles.
Washington a essayé de faire toute la pression qui lui était possible mais plusieurs pays importants de la région ont menacé qu’ils ne participeraient pas si Cuba était exclue. En réalité, avec une analyse minimale sur la situation régionale ils auraient pu s’éviter de devoir faire marche arrière.
Actuellement quatre pays de l’Amérique latine (le Brésil, l’Uruguay, le Nicaragua et le Salvador) sont gouvernés par des anciens guérilleros de gauche. Ceux-là  même que les Etats-Unis nommaient terroristes et les combattaient en armant les armées et en les conseillant au moyen de leur contre intelligence.
En contrepartie, La Havane s’était convertie en ces temps là en leur arrière-garde régionale, en hôpital de campagne où les blessés étaient envoyés, et parfois en camp d’entraînement, pour préparer les combattants aux tactiques de guérilla.
À la tête du Chili se trouve rien de moins que la socialiste Michelle Bachelet, dont le père a été arrêté et est mort en prison, après le Coup d’État du Général Pinochet, qui a disposé de l’appui de Washington pour démolir le Président constitutionnel, Salvador Allende.
Le Président de la Bolivie est ce jeune dirigeant « cocalero » que les États-Unis appelaient narcotrafiquante. Depuis le début de sa carrière politique, Evo Morales, le premier latino-américain indigène qui dirige un pays, a seulement compté avec l’appui international de Fidel Castro et d’Hugo Chávez.
Les liens de Cuba avec Caracas sont largement connus et l’alliance politique est la plus solide de toutes parce que le pétrole pour La Havane est si important comme peuvent l’être les coopérants cubains pour maintenir vivantes les missions sociales de Venezuela.
Mais le personnel cubain de la santé continue de se répandre dans la région, plus de 11 mille travaillent déjà dans le Brésil le plus profond, dans les quartiers marginaux, dans les zones forestières et dans les endroits où aucun médecin local ne veut aller.
La mission cubaine dans ce pays est si importante que en une paire d’années de travail elle pourrait solder la dette de La Havane avec Brasília pour la construction du port de Mariel, qui permettra à la Cuba de recevoir des bateaux de grand tirant d’eau, et créer ainsi une zone spéciale de développement et de commerce.
De plus, si tout cela se révélait peu important, les relations entre Washington et le Brésil sont devenues très tendues depuis la révélation récente que les services étasuniens d’intelligence épiaient les communications de la Présidente Dilma Rousseff.
1000 autres médecins cubains travaillent déjà en Équateur, dont le Président, Raphaël Correa, possède une claire identification politique de gauche qui le rapproche de La Havane. Cuba compte en plus avec l’appui constant de la Présidente argentine, Cristina Fernández.
Les États-Unis l’ont aussi bien difficile même avec leurs alliés régionaux. Le Mexique se rapproche pleinement du gouvernement de l’ile, auquel il a annulé le gros de la dette et lui offre de nouveaux crédits pour fortifier le commerce bilatéral, après des années de stagnation.
La Colombie, l’autre grand allié de Washington, est immergé dans une négociation de paix avec le principal groupe guérillero du pays. Bogotá a une dette avec Cuba, l’un des pays qui a facilité le dialogue et dont le territoire est utilisé pour les rencontres entre les insurgés et le gouvernement.
La politique de Washington contre La Havane est si déphasée qu’au plan mondial un seul pays (Israël) l’appuie. En Amérique elle n’a pas de sympathisant, dans les faits tous les gouvernements maintiennent des relations diplomatiques avec Cuba, excepté celui des États-Unis.
Même son ex-secrétaire d’État, Hilary Clinton, a recommandé à Obama de régulariser la situation. Peut-être que s’il l’avait écoutée il se serait épargné la honte d’avoir du reculer devant la pression d’un groupe de pays qui, une fois, étaient considérés comme l’arrière-cour des États-Unis.

Version espagnole : http://www.havanatimes.org/sp/?p=99157
Traduction : R. Muller, ASC-Genève



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