L’Ecole de cinéma de Cuba à la recherche de sa gratuité perdue pour ses 25 ans

LIBERATION, 3.12.2011

Sous les palmiers de la campagne cubaine, une centaine d’étudiants venus du monde entier apprennent le cinéma dans une école créée il y a 25 ans par Fidel Castro et le prix Nobel de littérature Gabriel Garcia Marquez et qui s’efforce de retrouver sa gratuité perdue.
Le nouveau directeur de l’Ecole internationale de cinéma et de télévision (EICTV), le Guatémaltèque Rafael Rosal veut profiter du 25e anniversaire le 15 décembre, en plein festival du cinéma de La Havane, pour promouvoir un fonds international qui permettrait aux étudiants de ne pas payer leurs trois années d’études.
“Au milieu des années 90, lorsque Cuba a introduit la +période spéciale+ à la suite de la chute du bloc soviétique, il a fallu commencer à faire payer les étudiants et cela a modifié leur profil”, regrette Rafael Rosal, lui-même ancien diplômé de l’école à l’époque où Cuba assumait tous les frais.
L’EICTV compte plus de 120 étudiants qui payent une inscription annuelle de 5.000 euros. Alors que les autres grandes écoles internationales cubaines, l’Ecole latino-américaine de médecine (ELAM) et l’Ecole internationale d’éducation physique et de sports, réservées aux étrangers, sont gratuites.
Pendant que le nouveau directeur affine son projet, les étudiants s’activent dans l’école, érigée en pleine campagne à San Antonio de los Baos, à 30 km au sud-ouest de La Havane.
“Je veux être scénariste”, affirme avec conviction à l’AFP Mauricio Quiros, un Costaricain de 29 ans qui a abandonné le surf et la musique pour assouvir son autre passion. Derrière lui, sur les murs du centre, s’affichent les autographes des professeurs les plus célèbres qui ont défilé dans l’école, de Francis Ford Coppola à Steven Spielberg.
“Je me spécialise dans la prise de son”, explique Stefan Voglsinger, un Autrichien de 25 ans, en révisant une vidéo qu’il réalise avec Florian Kunert, un Allemand de 22 ans qui veut réaliser des documentaires. A leurs côtés, la journaliste chilienne Lisette Sobarzo est venue elle apprendre l’organisation de festivals de cinéma.
“Un des aspects qui font que cette école est unique, c’est que ses professeurs sont tous des professionnels, des cinéastes très actifs qui consacrent à l’école deux ou trois semaines par an”, souligne Rafael Rosal. “Nous avons probablement le corps enseignant le plus grand de toutes les écoles de cinéma, jusqu’à 400 par an, ce qui en fait un vivier très spécial”, ajoute-t-il.
Malgré la forte demande, les places sont limitées. Chaque année, l’école accueille 42 nouveaux étudiants dans ses six spécialités : réalisation de fiction et de documentaire, scénario, production, photo, son et montage. En 2012, leur nombre passera à 48 avec l’introduction d’un nouveau programme consacré aux nouveaux médias.
Autre aspect unique de l’école, elle produit sur ses 40 hectares tous les légumes qui y sont consommés par les étudiants, les professeurs et les 300 employés. L’école a été fondée à la campagne car “Fidel Castro et Garcia Marquez se sont dit qu’il serait mieux que les étudiants ne soient pas à La Havane, une ville très intéressante qui pourrait les absorber un peu trop”, raconte Rafael Rosal, en forme d’euphémisme. Malgré ses efforts d’autarcie, l’école a besoin d’argent. “Nous avons un budget de 3,5 à 4 millions de dollars, ce qui est peu pour ce que nous faisons”, explique le nouveau directeur qui rêve de constituer un fonds international doté de 50 millions de dollars.
“Cette école a été fondée pour ceux qui ont du talent, pas pour ceux qui ont du talent et de l’argent. Il y a des milliers de jeunes qui n’ont que leur talent”, explique-t-il.



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