Si les manifestations qui ont lieu en France avaient lieu… à Cuba ?

Si les manifestations qui ont lieu en France avaient lieu… à Cuba ?

José Manzaneda, coordinateur de Cubainformación.- 300 manifestations rassemblant plus de trois millions de personnes, 500 personnes arrêtées en un seul jour (1). Si ça se passait à Cuba, en Biélorussie ou en Chine… les grands titres seraient remplis de termes tels que « explosion sociale », « soulèvement populaire », « répression », « régime »… (2)

Mais comme c’est en France, on nous parle de  » graves émeutes « , au cours desquelles les seules personnes blessées, 440 en une seule journée,sont des « policiers » (3). Seulement des policiers. Etrange cette « presse libre et indépendante » qui répète, à l’unisson, les données offertes par le ministre français de l’Intérieur (4).

Un rapport de trois organisations de défense des droits de l’homme conclut que depuis 2015, plus de 120000 personnes dans le monde ont été blessées par les gaz lacrymogènes,les balles en caoutchouc, les canons à eau ou les armes acoustiques de la police (5). De nombreux pays y sont cités : États-Unis, France, Chili, Colombie… Curieusement, pas Cuba. Mais faites un test : cherchez sur Google les mots « Cuba » et « répression » (6). Vous obtiendrez des dizaines de titres. Ensuite, cherchez « USA » et « répression », et vous trouverez aussi des dizaines de dépêches du gouvernement des USA accusant de « répression »… celui de Cuba (7).

Car versCuba, dans ce pays où la police blesse rarement les gens, le Gouvernement espagnol a décidé qu’on ne pouvait pas exporter du matériel antiémeute, en application d’une clause de « droits de l’homme » (8). C’est un veto qui n’est pas imposé, par exemple, à son partenaire le Maroc, dont la répression contre les activistes sahraouis est condamnée internationalement (9). Et dont la police, en juin de l’année dernière, a tué près de 70 migrants sur la clôture de Melilla (10).

La justice en Espagne : dans une interview (11), l’ancien ministre José Barrionuevoa justifié, sans remords, sa participation à la guerre sale contre l’ETA, pour laquelle il a passé trois mois en prison, puis été gracié (12). Contraste inévitable avec le cas des huit jeunes navarrais d’Altsasu, dont plusieurs ont passé près de quatre ans de prison effective pour une bagarre avec des policiers en civil (13) (14).

Après avoir passé deux ans et un mois dans la prison de Lleida, le musicien catalan Pablo Hasel a accompli sa peine de prison pour les paroles de ses chansons (15). Mais il est toujours en prison, pour deux nouvelles condamnations à six ans de prison (16). Vous l’avez lu sur un grand média espagnol ? Rien. Telle est la liberté d’expression et de la presse made in Spain.

Continuons à parler de la censure artistique en Europe. En Pologne, les concerts de Roger Waters, le leader de Pink Floyd,ont été annulés pour sa position sur la guerre en Ukraine (17). Et à Francfort, en Allemagne, pour son soi-disant « antisémitisme », c’est-à-dire pour sa solidarité avec la Palestine (18). Rien qui soit condamné comme « censure » par la presse européenne, soumise au discours de l’OTAN et aux exactions d’Israël. Dont le gouvernement vient même d’interdire de montrer le drapeau palestinien dans les espaces publics (19). Et quia tué, depuis le début de cette année, près de 90 Palestiniens et Palestiniennes (20). Où sont les sanctions ou les éditoriaux de condamnation ? La presse sportive européenne nous dit que le meilleur gardien de but de la Ligue professionnelle de football en Palestine, Ahmed AtefDaragmeh, « a été tué lors d’affrontements avec l’armée israélienne » (21). Des affrontements ? Non, il a été assassiné par les balles de l’armée israélienne.

Le gouvernement des Etats-Unis vient de publier un nouveau rapport sur les droits de l’homme dans le monde (22). Et, comme d’habitude, il donne à des pays comme Cuba des leçons qu’il n’applique pas chez lui. Voyons de plus près.

Aux États-Unis, plus de cent personnes meurent chaque jour par arme à feu (23). Au cours des deux premiers mois de cette année, se sont produites 102 fusillades de masse (24), elles ont atteint le chiffre record de 648 en 2022 (25). Année au cours de laquelle la police a tué près de 1200 personnes (26).

Près de 600000 êtres humains survivent dans les rues des Etats-Unis (27). Il y a 42000 sans-abri rien qu’à Los Angeles, où l’état d’urgence a été décrété pour cette raison (28).

27 millions de personnes n’ont pas d’assurance maladie (29). Et, même si ça semble incroyable, l’espérance de vie, dans le pays le plus riche du monde, est trois ans inférieure à celle de Cuba (30).

Lisons quelques dépêches à ce sujet. Michigan : une mère et deux de ses enfants meurent de froid dans un parc (31); Memphis : un jeune noir de 29 ans meurt des suites d’un brutal tabassage par cinq policiers (32); Buffalo : 30 travailleurs sont licenciés par la société Tesla après avoir tenté de former un syndicat (33); Alabama : un prisonnier meurt après que les gardiens l’aientenfermé dans un congélateur comme punition (34). Imaginez qu’un seul de ces événements se soit produit à Cuba. Combien de fois aurions-nous lu, dans les nouvelles et les reportages, le terme… « régime »?

https://www.cubainformacion.tv/especiales/20230331/102464/102464-si-las-protestas-en-francia-fueran-en-cuba-italiano-francais

Publié dans Actuel, Cuba, International

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