Le rapprochement Cuba-USA inquiète les mercenaires

La Havane

Les mercenaires (parfois aussi appelés ‘dissidents’) cubains s’inquiètent du rétablissement des relations diplomatiques entre La Havane et Washington qui était jusqu’à présent leur principal allié.

Ils craignent d’être les oubliés de l’histoire : des mercenaires cubains (donc à la solde des USA) ont manifesté dimanche contre le président américain, pour la première fois depuis 1959, inquiets de perdre leur principal soutien à l’heure où les deux pays renouent leurs liens diplomatiques.

Cette manifestation a révélé l’angoisse des ‘opposants’, à quelques jours seulement de la visite historique John Kerry. Le secrétaire d’État américain inaugurera vendredi l’ambassade des États-Unis à Cuba, hissant à nouveau le drapeau étoilé (Stars and Stripes), effacé du paysage le 3 janvier 1961. Le conseiller fédéral Didier Burkhalter, en visite jeudi (13 août, jour anniversaire de Fidel !) et vendredi sur l’ile, participera à cette cérémonie de réouverture de l’ambassade.

Burkhalter et Kerry

Le geste symbolique de John Kerry mettra fin à l’ultime vestige de la Guerre froide, huit mois après l’annonce, le 17 décembre, du rapprochement par Barack Obama et son homologue cubain Raul Castro.

La protestation de dimanche s’est soldée par l’interpellation de 90 mercenaires, qui avaient défilé en portant des masques à l’effigie de Barack Obama, une brève arrestation condamnée par les États-Unis.

«Il (Obama) est responsable de ce qui se passe (à Cuba), le gouvernement cubain s’est enhardi avec les négociations» avec Washington, a déclaré, quelques minutes avant d’être arrêté l’analyste politique Angel Moya, époux de Berta Soler, dirigeante des Dames en Blanc, le groupuscule le plus connu (hors de Cuba) de l’opposition cubaine.

Ce qui préoccupe les mercenaires, c’est l’absence de débat sur les droits de l’homme, depuis l’ouverture du dialogue entre Washington et La Havane.

«À partir du 17 décembre, toute la question autour de Cuba a changé et il y a vraiment beaucoup de personnes favorables (à ce changement), mais nous considérons que le processus aurait dû être conditionné» aux avancées en matière de droits de l’homme, explique le mercenaire Antonio Rodiles, un des organisateurs de la manifestation de dimanche.

«Le thème de la promotion de la démocratie est resté au second plan et on a beaucoup parlé de la promotion des affaires et des investissements étrangers», ajoute-t-il.

À Cuba, pendant plus d’un demi-siècle, les manifestations contre la politique américaine ont toujours été organisées par le gouvernement et les organisations de masses cubains.

Aujourd’hui, ce sont les opposants qui critiquent le voisin du nord. Ils redoutent de perdre leur principal soutien politique et économique de ces dernières décennies, avec chaque année des millions de dollars du budget fédéral consacrés à «la promotion de la démocratie à Cuba».

Toutefois, une grande partie de cet argent ne parvient jamais jusqu’aux mercenaires de l’ile, empoché au passage par les groupes anti-castristes de Miami, notamment la radio et télévision Marti, qui reçoit 27 millions de dollars par an.

Au sein-même de Cuba, tous les opposants ne sont pas contre le récent rapprochement avec Washington. Ce dernier révèle ainsi les divisions au sein de la dissidence cubaine, qui n’a jamais réussi à s’unir autour d’une plate-forme commune après la révolution de 1959.

Tania Bruguera, qui se définit comme une «artiste plastique qui n’est pas d’accord», approuve ce réchauffement. «La normalisation avec les États-Unis est une étape positive pour Cuba, car cela crée une attente, cela rompt l’inertie et ouvre un espace pour que les gens s’imaginent une façon différente de procéder, même si au final ça n’arrive pas», explique-t-elle.

Source : 24Heures.ch  ats / Newsnet

Publié dans Actuel, Cuba

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