Retour à Cuba des médecins qui combattaient l’Ébola en Afrique

Après environ 6 mois de lutte contre le virus de l’Ébola au Liberia et en Sierra Leone, 151 médecins et infirmiers cubains sont de retour à Cuba.
Quelques jours auparavant, les autorités et les responsables de l’OMS des pays africains avaient rendu hommage aux membres de la brigade. Le ministre des Affaires étrangères du Libéria, Agustine Kpehe Bgafuan, a déclaré dans une interview exclusive à l’équipe de presse cubaine : « Les médecins cubains n’ont pas eu peur du risque. Ils disaient qu’ils étaient des frères venus de l’autre côté de l’océan et ils sont venus nous apporter leur aide comme des frères ». L’ambassadeur cubain, Jorge Lefevre, a rappelé ces derniers jours les paroles du président de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma, lorsqu’il a appris que Cuba avait répondu affirmativement à sa demande d’aide : « Je savais que Cuba n’allait pas nous abandonner. Vous êtes fidèles à vos origines, à vos racines africaines. C’est ce que Fidel vous a enseigné. Dites à Raul et au peuple cubain que ce que vous faites, nous ne l’oublierons jamais. »
L’épidémie n’a pas été jugulée, mais les indices d’infection et de mortalité ont baissé de façon conséquente. La situation en Sierra Leone s’est améliorée, mais elle reste complexe, entre autres raisons parce que la tradition culturelle impose un rituel funéraire à haut risque. Mais chaque médecin cubain a sauvé au moins trois vie. Au Libéria, après 23 jours sans aucun cas confirmé, un seul a été dépisté. Les frontières avec les pays voisins sont poreuses ; les gens, qui appartiennent au même peuple, passent librement d’un côté à l’autre.
L’aéroport de Freetown, capitale de la Sierra Leone, s’est rempli de sourires et d’embrassades. L’avion attendait sur la piste avec les médecins et les infirmières, venus du Libéria d’où ils étaient partis une heure plus tôt. Dans la salle d’attente, je me suis entretenu avec le Dr Felix Baez, le seul médecin parmi ceux qui travaillent en Afrique occidentale qui a contracté le virus de l’Ébola : « Lorsque j’étais à Genève, vers le 5e jour, le médecin qui me soignait a commenté la lettre ouverte de mon fils dans laquelle il soutenait ma décision d’aller en Afrique. Il me l’a apportée, je l’ai lue et j’ai pleuré. Je n’ai pas pleuré lorsque je suis tombé malade, j’ai pleuré d’émotion quand j’ai lu cette lettre. J’ai toujours eu confiance en lui, mais j’ai été bouleversé par son attitude, si altruiste, si belle. »
À propos du soutien massif qu’il a reçu de son peuple durant ces journées d’incertitude, il a déclaré : « Je ne me voyais pas comme Felix, mais comme un Cubain de plus, qui était malade et qui recevait la solidarité de son peuple et du monde entier. Je crois que cela a servi pour réveiller quelques consciences qui s’étaient endormies dans le monde, pour que l’on sache qu’il fallait aider les Africains. »
Sur les 256 spécialistes envoyés par Cuba (en comptant ceux qui restent en Sierra Leone et ceux qui exercent en Guinée Conakry), un seul a contracté le virus et a pu être sauvé, ce qui indique la prudence et le professionnalisme avec lesquels ils ont travaillé. « Ce fut une autre démonstration de ce que je savais déjà du travail des Cubains dans d’autres parties du monde : un engagement de haut niveau, une bonne pratique, et évidemment, le respect des droits humains des personnes malades », a déclaré Mauricio Calderon, coordinateur adjoint des équipes médicales étrangères de l’OMS en Sierra Leone.
Le Dr Ramiro Guedes, chef direct de l’infirmier, Reinaldo Villafranca, surnommé « Coqui », et d’autres médecins coopérants ont souhaité rendre hommage à leur compagnon décédé de paludisme, une maladie dont on parle moins, mais que coûte la vie à de nombreuses personnes chaque jour. C’est précisément pour cela qu’en Sierra Leone se trouve également une brigade de spécialistes en programme intégral de Santé et qu’en Afrique,il y a environ 4 000 médecins et infirmiers, dans plus de 30 pays.
Ce fut également le moment de se souvenir de Jorge Juan Guerra Rodriguez, membre de la mission médicale en Guinée Conakry, décédé lui aussi de paludisme le 26 octobre dernier. Diplômé d’économie, ce coopérant, originaire de la province de Sancti Spiritus, faisait partie de l’avant-garde de la brigade qui allait faire face au virus de l’Ébola.
Il reste en Sierra Leone 66 médecins coopérants, qui seront de retour le 1er avril.

Source : Granma International

Publié dans Actuel, Cuba, International

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