À Paris , Raul Castro vient parler dette et coopération

La France va convertir une partie de la dette de Cuba en financement de projets

Huit mois après le voyage de François Hollande à Cuba, Raul Castro est en France pour une visite d’État. Le chef de l’État cubain doit rencontrer, outre son homologue à l’Élysée, le premier ministre, les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale et la maire de Paris.

Cette visite, qui doit permettre de jeter les bases d’une coopération économique à venir, intervient à un moment-clé pour Cuba. Alors que la dette publique de l’ile est évaluée à 32 % du PIB dont 80% étaient constitués des intérêts de retard, une première étape a été franchie en décembre au niveau multilatéral avec un accord au Club de Paris . La deuxième étape va être conclue ce lundi à un niveau bilatéral cette fois. Un accord portant sur le principal et les intérêts originels de la dette due à la France soit 360 millions d’euros doit être signé. Il devrait porter sur l’annulation d’une partie de ce montant et sur la conversion en financements de projets à Cuba de l’autre partie. L’Agence française de développement (AFD), qui ouvre un bureau à La Havane, va participer à la sélection de ces dossiers nouveaux qui pourraient concerner des secteurs comme les bio-technologies ou l’environnement. La France veut participer davantage à la modernisation de Cuba qui a publié en novembre 2014 une première liste de 246 projets d’infrastructures pour plus de 15 milliards de dollars dans des secteurs-clés comme la construction, l’énergie, l’agro-alimentaire ou encore la pharmacie. Sans oublier le tourisme.

Présence historique

Les entreprises françaises ont pour certaines d’entre elles l’avantage d’afficher une présence historique. « Bouygues a construit pratiquement toutes les chambres d’hôtel à Cuba », indique Hector Igarza, ambassadeur de Cuba à Paris.

La promulgation, il y a dix huit mois, de la nouvelle loi sur les investissements étrangers devrait soutenir cet effort tout en stimulant la croissance économique dans les cinq ans à venir. De +2,1 % estimée en 2015, la hausse du PIB devrait atteindre 5  % voire 6 % au cours de la période 2016-2020 estime Euler Hermes dans une étude.

Grands gagnants

Même forte de ses liens anciens, la France n’arrive pas seule sur ce nouveau marché. Elle doit même faire face à une forte concurrence. Les dirigeants cubains, échaudés par la chute de l’Union soviétique qui les a laissés sans ressources, tiennent à présent à diversifier leurs fournisseurs. La Chine y est déjà très présente tandis que les États-Unis sont bien décidés à rattraper leur retard. À moins d’un changement peu probable, ces derniers devraient d’ailleurs sortir grands gagnants de la levée des sanctions et enregistrer un surplus d’exportations de 1 milliard de dollars par an et atteindre 6 milliards en 2020, selon les calculs d’Euler Hermes. La Chine, quant à elle, devrait voir ses flux progresser de 360 millions par an, l’Espagne de 200 millions devant le Brésil (+120 millions) et la France (+100 millions).

Source : LesÉchos.fr

Publié dans Actuel, Cuba, International

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